Au Canada, environ 20 p. 100 des professions sont soumises à diverses réglementations qui visent à protéger la santé et la sécurité des Canadiennes et Canadiens, telles les professions liées à la médecine, au génie, à la plomberie et à l'enseignement. Certains ordres et associations professionnels ont été mandatés par les gouvernements pour régir l'accès à ces professions et à ces métiers réglementés. Ils sont chargés de délivrer la qualification professionnelle (par exemple, un certificat de compétence ou de qualification ou un permis d'exercice) aux candidates et candidats qui répondent aux conditions d'agrément. De telles qualifications professionnelles sont expressément exclues de la Convention mondiale de 2019. Seuls les diplômes d'études décernés par des établissements d'enseignement sont ciblés par les principes de la Convention mondiale de 2019.
Pour leur part, les personnes nouvellement arrivées au Canada peuvent être titulaires d'un diplôme d'études ou d'une qualification professionnelle délivré à l'extérieur du Canada et souhaiter accéder au marché du travail pour y exercer une profession réglementée. Pour ce faire, elles doivent généralement présenter leurs diplômes d'études. Mais il peut aussi y avoir d'autres conditions, par exemple :
- examens visant à tester les connaissances et les compétences des candidates et candidats;
- vérification du casier judiciaire;
- placement professionnel ou stage au Canada;
- internats ou stages supervisés de formation en cours d'emploi.
Plusieurs articles de la Convention mondiale de 2019 établissent clairement le principe de l'autonomie des établissements d'enseignement et des ordres et associations professionnels, dans leur rôle d'organismes compétents en matière de reconnaissance. Par conséquent, la loi reconnaît aux ordres et associations professionnels une autonomie dans la détermination du contenu des règlements qui prévoient la reconnaissance des diplômes obtenus, des compétences et de la formation. Les ordres et associations professionnels disposent donc d'une grande marge de manœuvre pour reconnaître les diplômes, qu'ils aient été obtenus au Canada ou dans d'autres pays, aux fins d'enregistrement ou d'autorisation d'exercer la profession concernée au Canada. Par conséquent, bien qu'il n'y ait aucune obligation légale pour les ordres et associations professionnels d'appliquer la Convention mondiale de 2019, la bonne foi sous‑entendue par la ratification leur impose d'appliquer les principes suivants :
- des renseignements clairs et complets sur les critères d'évaluation doivent être fournis;
- des procédures et des critères transparents, cohérents et fiables doivent être utilisés aux fins d'évaluation;
- la reconnaissance des diplômes d'études et des qualifications doit être réciproque, à moins que l'on puisse démontrer des différences substantielles entre les exigences scolaires;
- le refus de reconnaître un diplôme d'études doit être justifié. Dans de tels cas, les candidates et candidats doivent avoir le droit de faire appel de cette décision.
En outre, les gouvernements de neuf provinces ont créé des postes de commissaires (ou agents) chargés de veiller à une plus grande équité dans les procédures d'évaluation et de reconnaissance des qualifications des candidates et candidats formés dans d'autres pays qui souhaitent pratiquer une profession réglementée. Dans ces provinces, une loi provinciale précise a été adoptée pour appuyer les objectifs de la Convention mondiale. Ces cadres juridiques provinciaux ayant force obligatoire énoncent le devoir général des organismes de réglementation d’avoir des pratiques d’inscription transparentes, objectives, impartiales et équitables. Ce sont : Alberta (Fair Registration Practices Act, 2019 [loi sur les pratiques d’inscription équitables]); Colombie Britannique (International Credentials Recognition Act, 2023 [loi sur la reconnaissance des diplômes internationaux]); Manitoba (Loi sur les pratiques d’inscription équitables dans les professions réglementées, 2007); Nouveau Brunswick (Loi sur les pratiques d’inscription équitables dans les professions réglementées, 2022); Terre Neuve-et-Labrador (Fair Registration Practices Act, 2022); Nouvelle Écosse (Fair Registration Practices Act, 2008); Ontario (Loi sur l’accès équitable aux professions réglementées et aux métiers à accréditation obligatoire, LO 2006, c 31, 2006); Québec (Loi modifiant diverses lois concernant principalement l’admission aux professions et la gouvernance du système professionnel, 2017, chapitre 11, et Code des professions, chapitre 11); et Saskatchewan (Labour Mobility and Fair Registration Practices Act, S.S. 2022, c.16 [loi sur la mobilité de la main d’œuvre et les pratiques d’inscription équitables]).
Dans le cadre de leurs fonctions, les commissaires conseillent et orientent les organismes de réglementation (et, dans une certaine mesure, les personnes) afin de garantir un accès transparent, objectif, impartial et équitable aux professions réglementées. Les principes énoncés dans leur législation cadre reposent largement sur ceux de la Convention de Lisbonne de 1997 et de la Convention mondiale de 2019. Ces commissaires procèdent à des vérifications et reçoivent et évaluent des plaintes. Plus précisément, ils exigent que les titulaires de documents attestant de qualifications délivrés à l'extérieur du Canada bénéficient d'un accès équitable aux professions réglementées dans leur province respective.
Le Forum des ministres du marché du travail (FMMT) a adopté en 2008 le Cadre pancanadien d’évaluation et de reconnaissance des qualifications professionnelles acquises à l’étranger. Ceci était en appui à l'Accord de libre échange canadien (ALEC), et son chapitre 7, qui stipule des provisions sur la mobilité de la main d’œuvre d’une province ou d’un territoire à l’autre.